Ils auront beau avoir des horaires libres, des vélos dans les bureaux, des fléchettes, des babyfoots, des crèches d’entreprises, des avantages à ne plus savoir quoi en faire…les salariés ne peuvent pas trouver le bonheur sans intégrer un autre acteur essentiel au rouage.
On en voit partout des articles, des reportages sur le bonheur au travail, l’apparition de poste comme CHO (Chief Happiness Officier), des apéros tous les jours, le concept de l’entreprise libérée…. pour offrir le bonheur aux salariés et leur donner envie de rester dans l’entreprise. En soit ça à l’air très bien mais là on assiste à un quasi bourrage de crâne. Et au-delà du côté un peu gênant de cet effet de mode je reste assez étonné de voir qu’on ne parle nulle part du bonheur du dirigeant ?
Je ne sais pas, c’est peut-être une lubie d’entrepreneur, mais le responsable est quand même un acteur à ne pas négliger ? A trop mettre en avant un sens unique du « droit au bonheur » on occulte complètement que la relation dirigeant (ou manager) – employé va dans les deux sens…. Et comme dirait Emmanuel Regnouf (Right management) : cette relation c’est comme une rencontre sportive, celle-ci n’est intéressante quand les 2 équipes jouent au même niveau d’implication. Le problème ici c’est que les discours ont tendances à déséquilibrer la partie pour ne parler que des devoirs managériaux.
Un équilibre salariés-dirigeant à retrouver
A mon sens, il y a quand même quelque chose qu’il me semble bon de rappeler : l’équilibre économique et social d’une société fonctionne toujours avec la paire salariés-dirigeant. Un déséquilibre, dans un sens ou l’autre, n’est profitable à personne.
Si les salariés doivent s’épanouir dans l’exercice de leur métier, la règle est la même pour le dirigeant. C’est primordial et je peux vous assurer qu’un manager malheureux ne fera pas grandir son entreprise et donc encore moins les membres de celle-ci.
Alors pourquoi ne parle t-on que trop rarement de ce que peuvent faire les salariés pour leurs responsables ? Car, tout comme le bonheur du salarié ne dépend pas juste de son salaire, le bonheur du « patron » ne dépend pas juste de la productivité.
Tendre vers un projet commun, condition du bonheur au travail
Petite métaphore à la Bridget Jones ???? : dites-vous bien que, professionnellement, vous vivez une relation aussi exigeante qu’une relation amoureuse.
Dans un couple l’implication ne peut pas venir que d’une seule des parties… ça ne marche jamais. Les deux doivent vouloir s’y investir et ceci au service d’un objectif qui les dépasse : le couple en tant que tel.
C’est, d’après moi, la même chose pour salariés et dirigeants : les deux sont au service d’un objectif plus grand : l’entreprise. La réussite de celle-ci ne fera que contribuer à leur bonheur individuel.
D’ailleurs les lieux où l’on constate moins de Turn over correspondent souvent à des entreprises auxquelles les salariés sont attachés et dont ils partagent la vision… et ce n’est pas forcement là qu’on trouve des CHO.
Un objectif : faire grandir !
En fait c’est peut-être ça que nous oublions ? Le bonheur au travail résulte d’un acte qui nous fait grandir, nous fait progresser.
- Comment faire grandir mon entreprise ?
- Comment faire grandir mes collaborateurs et collègues ?
- Comment me faire grandir ?
Le plus important est de garder ceci ancré en soi.
Le dirigeant doit garder en tête que la réussite économique passe obligatoirement par l’épanouissement des salariés et les salariés doivent savoir que leur propre épanouissement passe par celui de leurs managers et collègues.
Oui le responsable s’attachera à s’intéresser à ses salariés, oui il doit leur donner les bons outils, oui il reste à l’écoute de leurs contraintes, oui il apprendra à les remercier, à les valoriser, leur expliquer où va l’entreprise…. Parce qu’il sait qu’il fait ceci pour le bien commun (dont le sien).
Et oui aussi le salarié devra aussi s’intéresser à son manager, apprendre à écouter ses contraintes, apprendre à le remercier…
Gardons donc ce bon sens : le travail doit contribuer à nous faire grandir.
Ils auront beau avoir des horaires libres, des vélos dans les bureaux, des fléchettes, des babyfoots, des crèches d’entreprises, des avantages à ne plus savoir quoi en faire…les salariés ne peuvent donc pas trouver le bonheur sans le donner à leur tour. Cela nécessite obligatoirement la volonté de s’impliquer dans un projet commun : c’est là que se trouve la vraie motivation et donc le bonheur au travail. On se lève pour un projet qui motive et pas pour les seuls avantages obtenus.
Le bonheur n’a de sens que s’il est partagé.
Pour aller plus loin : nous vivons un paradoxe: l’explosion du nombre de burn out alors que l’on ne s’est jamais autant soucié du bonheur et du bien-être au travail. Le livre « La comédie humaine du travail » de Danièle Linhart est très éclairant car il met en évidence le constat « qu’au moment où on en demande de plus en plus aux salariés – engagement total et prise de risque, face à un travail de plus en plus complexe – on les plonge dans un état de fébrilité, un sentiment de peur et d’impuissance qui tend à paralyser leur activité ».